Dans un appartement en ville ou une maison sans jardin, impossible de composter ses déchets organiques ? Détrompez-vous ! Le lombricompostage offre une solution ingénieuse, propre et efficace pour recycler vos épluchures et autres déchets de cuisine, même dans les espaces les plus réduits. Cette technique ancestrale revisitée fait appel à des alliés voraces et discrets : les vers de compost.
Introduction au lombricompostage
Le lombricompostage repose sur un principe simple : des vers spécifiques digèrent vos déchets organiques et les transforment en un amendement d’exception, riche en nutriments et en micro-organismes bénéfiques. Contrairement au compostage classique qui nécessite un volume important et s’appuie principalement sur l’action des bactéries et champignons, le lombricompostage mise sur l’activité digestive des vers pour accélérer la décomposition.
Ce système présente de nombreux avantages en milieu urbain : absence d’odeur (quand il est bien géré), faible encombrement, fonctionnement en intérieur toute l’année et production d’un engrais liquide en plus du compost solide. Une solution idéale pour les citadins souhaitant réduire leurs déchets tout en produisant un amendement de qualité pour leurs plantes.
Les vers, acteurs essentiels
Tous les vers ne sont pas adaptés au lombricompostage. Les lombrics de jardin que l’on trouve dans la terre de nos parterres ne survivraient pas dans un lombricomposteur. Il faut privilégier deux espèces particulières :
- Eisenia fetida (ver tigré) : reconnaissable à ses anneaux alternant jaune et rouge-brun
- Eisenia andrei (ver rouge du fumier) : de couleur rouge uniforme
Ces vers épigés vivent naturellement dans les premiers centimètres du sol, là où la matière organique s’accumule. Ils adorent les environnements humides et riches en déchets végétaux. Un ver adulte peut consommer jusqu’à la moitié de son poids en déchets organiques chaque jour.
Pour démarrer un lombricomposteur domestique, comptez environ 500 grammes de vers (soit 1000 à 2000 individus) pour une famille de 4 personnes. Ils se reproduiront ensuite naturellement si les conditions leur conviennent, doublant leur population tous les 2 à 3 mois.
Installer son lombricomposteur
Deux options s’offrent à vous : acheter un lombricomposteur tout fait ou le fabriquer vous-même.
Les modèles commerciaux (entre 50 et 150€) sont généralement constitués de plusieurs plateaux superposés et d’un bac récupérateur de liquide. Ils sont pratiques, esthétiques et optimisés pour faciliter la récolte.
Pour les bricoleurs, un lombricomposteur se fabrique facilement avec quelques bacs en plastique opaque. Percez des trous d’aération sur le couvercle et dans le fond des bacs supérieurs pour permettre la circulation des vers et l’écoulement du lombricompost liquide.
L’emplacement idéal doit respecter trois critères :
- Une température comprise entre 15 et 25°C (évitez les variations extrêmes)
- Un lieu abrité de la lumière directe (les vers fuient la lumière)
- Un accès facile pour l’alimentation quotidienne
Pour préparer la litière initiale, tapissez le fond du premier plateau avec des lambeaux de carton ou de papier journal non imprimé humidifié, puis ajoutez une fine couche de terreau ou de compost mûr pour inoculer des micro-organismes bénéfiques. Vos vers s’y sentiront immédiatement chez eux.
Alimenter son lombricomposteur
Les vers apprécient particulièrement :
- Les épluchures de fruits et légumes (coupées en petits morceaux)
- Le marc de café et les filtres en papier
- Les sachets de thé (sans agrafe métallique)
- Les coquilles d’œufs broyées (apport de calcium)
- Le carton et papier non imprimés (en petits morceaux)
En revanche, évitez absolument :
- Les agrumes, ail et oignon (trop acides ou répulsifs)
- Les produits laitiers et viandes (risques de putréfaction et odeurs)
- Les huiles et graisses (perturbent la respiration des vers)
- Les restes très épicés ou salés
- Les excréments d’animaux domestiques
L’alimentation doit se faire par petites quantités régulières plutôt qu’en gros volumes. Pour une famille de quatre personnes, comptez environ 1 à 2 litres de déchets par semaine. Enterrez légèrement les déchets sous la surface pour éviter les mouches et alterlez toujours avec des matières carbonées (papier, carton) pour équilibrer l’humidité.
Maintenance et résolution des problèmes courants
Un lombricomposteur bien entretenu ne dégage aucune odeur désagréable et fonctionne sans incident. Voici quelques points de vigilance :
Gestion de l’humidité : La litière doit rester humide comme une éponge essorée. Si elle devient trop sèche, vaporisez un peu d’eau. Si elle est détrempée, ajoutez du carton déchiqueté et vérifiez que le système de drainage fonctionne correctement.
Aération : Les vers ont besoin d’oxygène. Remuez délicatement la surface du compost une fois par semaine pour éviter le compactage et créer des poches d’air.
Problèmes fréquents et solutions :
- Odeur désagréable : Trop de déchets humides et azotés. Ajoutez du carton déchiqueté et réduisez temporairement l’alimentation.
- Moucherons : Couvrez toujours les déchets frais avec du papier/carton ou enterrez-les dans les couches déjà compostées.
- Vers qui tentent de s’échapper : Conditions inadaptées (trop humide, trop sec, trop acide). Vérifiez l’équilibre de votre lombricomposteur.
- Présence de petits vers blancs : Ce sont probablement des enchytréides, vers inoffensifs qui participent à la décomposition. Leur prolifération indique souvent un milieu trop acide.
Récolter et utiliser le lombricompost
Après 3 à 6 mois, le premier plateau sera rempli d’un terreau brun foncé, grumeleux et sans odeur : votre lombricompost est prêt ! Pour le récolter dans un système à plateaux, il suffit d’arrêter d’alimenter le plateau inférieur et de nourrir uniquement le plateau supérieur. Les vers migreront naturellement vers la nourriture, laissant le compost mûr facile à prélever.
Le lombricompost est un amendement d’exception aux multiples vertus :
- Richesse en nutriments immédiatement disponibles pour les plantes
- Présence d’hormones de croissance naturelles (auxines, gibbérellines)
- Fort pouvoir de rétention d’eau
- Inoculation de micro-organismes bénéfiques pour le sol
Utilisez-le mélangé au terreau (10 à 20%) pour vos rempotages, ou en fine couche (1 cm) sur la terre de vos plantes d’intérieur et jardinières. Pour les semis, une proportion de 5% suffit.
Le « thé de compost » (liquide récupéré dans le bac inférieur) constitue un excellent engrais liquide. Diluez-le à 1:10 avec de l’eau et arrosez vos plantes une fois par mois pour un coup de fouet nutritif remarquable.